Une coopération inédite entre trois PETR pour développer le covoiturage du quotidien
Une coopération inédite entre trois PETR pour développer le covoiturage du quotidien
Les trois PETR du département de la Meuse ont fait le constat commun d’un déficit de transports collectifs publics et d’une forte dépendance à la voiture individuelle. Le Pays de Verdun, le Pays Cœur de Lorraine et le Pays Barrois ont ainsi développé un projet de coopération inter-PETR, bénéficiant du soutien financier FEADER (Fonds européen agricole pour le développement durable), autour des questions de mobilité. L’objectif ? Déployer des actions partagées pour réduire les difficultés liées aux mobilités auxquelles sont contraints les Meusiens dans leurs déplacements quotidiens et proposer des alternatives à la voiture individuelle. Dans ce cadre, les PETR ont décidé de développer le programme AcoTE à l’échelle des trois territoires. Entretien avec Elise Branget, Chargée de Mission Mobilités Durables.
Trois territoires qui composent le département de la Meuse
Le Pays Cœur de Lorraine, situé au centre du département de la Meuse, se compose de 4 intercommunalités, 123 communes et plus de 26 000 habitants. En 2018, il valide son projet de territoire, constitué de 4 piliers dont un dédié à la transition énergétique et écologique, et en 2019 réalise un diagnostic mobilité. Celui-ci a permis de recenser les modes de transports existants sur le territoire et de mettre en lumière les lacunes en termes d’alternatives à la voiture individuelle et de diffusion de l’information.
Le Pays de Verdun, au Nord du département, se compose de 7 intercommunalités, 221 communes et plus de 80 000 habitants. Il rédige son premier projet de territoire en 2004, axé sur le développement de la filière touristique, puis le révise en 2014 pour fixer une priorité forte autour du numérique et des thématiques complémentaires telles que l’habitat et la mobilité.
Enfin, le Pays Barrois, au Sud, se compose de 3 intercommunalités et rassemble 100 communes pour plus de 58 000 habitants. Dès 2008, il réalise un plan climat volontaire afin de mener des actions stratégiques dans le domaine de la transition énergétique. Moins efficace que prévu, ce plan climat n’a eu qu’un faible impact sur la mobilité et les transports restent le 2ème poste de production de carbone sur le territoire. Afin d’approfondir la question, le PETR lance, en 2015, un schéma de mobilité pointant lui aussi la forte dépendance à la voiture individuelle et l’usage encore très limité des mobilités partagées.
Un constat commun qui a nourri la création d’un projet de territoire
Suite à l’élaboration de leurs différents diagnostics, documents de planification et stratégie territorial, les trois Pays ont dégagé plusieurs enjeux majeurs en termes de mobilités :
- Renforcer les offres de transports existantes sur leurs territoires
- Développer des transports alternatifs à la voiture individuelle pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES)
- Communiquer pour augmenter la fréquentation mais également sensibiliser la population aux nouvelles mobilités
Afin de répondre à ces enjeux, les trois PETR ont souhaité entamer des réflexions pour améliorer l’offre de mobilité sur leurs territoires. En parallèle, « le Pays Cœur de Lorraine, via son diagnostic mobilité, fait le constat qu’un habitant sur deux travaille sur un territoire voisin » nous explique Elise Branget. S’impose alors la nécessité de mutualiser les réflexions sur la mobilité afin de s’affranchir des frontières administratives de chaque territoire pour mettre en place des services pertinents et homogènes. Fruit de nombreux échanges entre les élus et les équipes techniques des trois Pays, « cette collaboration va permettre l’émergence de nouvelles solutions de mobilité, à la fois pour les actifs, dans leurs trajets domicile-travail, mais également pour les publics plus fragiles, comme les séniors ou les jeunes, pour l’accès aux services de proximité. » poursuit-elle.
Objectifs et enjeux de ce groupement inédit
La mise en place de cette coopération, et l’embauche d’une chargée de Mission Mobilités Durables à l’échelle des trois territoires, va permettre de :
- Coordonner et valoriser les offres existantes pour en améliorer la performance globale.
- Déployer un plan d’action en matière de mobilité durable en fédérant les différents acteurs et les différents modes de déplacement pour accompagner les changements de comportement et générer un report modal vers les modes de déplacement les plus respectueux de l’environnement, comme le covoiturage ou l’autostop organisé.
- Accompagner les EPCI, notamment dans le cadre de la prise de compétence mobilité, et apporter une assistance technique sur les questions de mobilité lors de l’élaboration de documents de planification ou de missions d’ingénierie.
Dans le cadre de sa participation au programme CEE AcoTE, « La coopération inter-PETR nous permettra de créer un service de covoiturage qui répond aux besoins réels des actifs en s’affranchissant des limites administratives de chaque territoire » nous explique Elise Branget. La forte mobilisation des élus des trois collectivités sur le sujet est un élément déterminant dans la mise en place du programme AcoTE, et les différentes réunions de sensibilisation vont permettre de regrouper élus et techniciens pour évoquer un sujet important pour la vie de leurs administrés. Enfin, cette participation « collective » au programme permet de mutualiser l’ingénierie et les coûts financiers liés à l’exploitation et à la pérennisation de ce service innovant.
La première réunion de sensibilisation a eu lieu le 13 septembre dernier, à l’échelle des trois PETR, et a réuni 24 participants. L’occasion de sensibiliser les équipes des trois territoires de projet à la mobilité durable et aux avantages du covoiturage dans les zones peu denses. La deuxième réunion se tiendra début octobre 2021 et sera déclinée à l’échelle du bloc communal (EPCI et communes) de chaque PETR afin de mobiliser l’ensemble des acteurs. « Au total, nous allons sensibiliser plus de 400 maires aux enjeux et aux intérêts du covoiturage du quotidien afin de les impliquer au maximum dans cette démarche et favoriser la réussite du projet » conclut-elle.