Pourquoi covoiturer en zones peu denses ? Interview du Pays Graylois
Pourquoi covoiturer en zones peu denses ? Interview du Pays Graylois
Mettre en place une solution de mobilité durable dans les zones peu denses est un défi pour les collectivités rurales et très rurales. La typologie du territoire entraine une très forte dépendance à la voiture individuelle et, souvent, la mise en place d’une solution de covoiturage questionne. L’équipe du programme AcoTE s’est rapprochée du Pays Graylois pour connaître les raisons qui les ont motivés à se lancer dans la co-construction d’une solution de covoiturage sur leur territoire.
Les enjeux en matière de mobilité du Pays Graylois
Le Pôle d’Equilibre Territorial et Rural du Pays Graylois se situe dans l’Est de la France, en Bourgogne Franche-Comté. Composé de trois communautés de communes (Val de Gray, des 4 rivières et des Mont-de-Dy), il regroupe 114 communes et environ 38 000 habitants. Avec l’élaboration d’un Plan Climat-Air-Energie Territorial (PCAET), dès 2012, et d’un SCoT, dès 2013, le Pays s’engage pour répondre aux enjeux liés au changement climatique et à la crise énergétique. L’ambition est de tendre vers un territoire à énergie positive à l’horizon 2050, en réduisant les besoins énergétiques au maximum. Le transport étant l’un des trois secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES) sur le territoire, le Pays Graylois se doit de développer des initiatives plus durables, comme nous l’explique son Président, Frédérick Henning : « L’idée est d’inciter les gens à réfléchir sur leurs modes de déplacement pour lutter efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre ».
Des lacunes en termes de mobilité sur le territoire
L’élaboration de ces documents amène le Pays Graylois à travailler sur les questions de mobilité. Caractérisé par un fort caractère rural, à équidistance de Dijon et de Besançon, et à proximité de villes moyennes telles que Vesoul, Dole et Langres, il ne possède ni nationale, ni autoroute, ni lignes ferroviaires. Dépendant uniquement de lignes de bus régionales, la mobilité est un défi et le manque de souplesse un réel enjeu : « Nous n’avons pas les structures de mobilité conduisant à chacune de ces villes et le covoiturage est finalement le moyen le plus souple d’amener un voyageur vers une destination » nous explique Frédérick Henning. En effet, les lignes de bus ne permettent pas de relier toutes les villes à proximité et sont synonymes de trajets longs et d’horaires peu flexibles pour les usagers.
Pourquoi choisir de recourir à une solution de covoiturage ?
Ce manque de facilité et de fluidité amène les ménages du Pays à posséder un voire plusieurs véhicules et à y recourir systématiquement pour leurs déplacements du quotidien : « Des voitures, on sait qu’il en circule un certain nombre sur le territoire, le fait de pouvoir les partager représente une vraie opportunité », nous explique-t-il.
La principale motivation du Pays est de proposer une solution de mobilité assurant une fréquence plus importante et des trajets plus rapides pour fournir davantage de souplesse et de flexibilité aux habitants du territoire. Aujourd’hui dépendants des lignes de bus, l’objectif est d’augmenter leur confort en proposant un service régulier et adapté à leurs trajets domicile-travail tout en réduisant l’usage de la voiture individuelle. Le recours au covoiturage permet de mutualiser l’usage de la voiture et ainsi de réduire les émissions de GES liées aux transports : « Aujourd’hui, l’approche s’inscrit dans la transition énergétique mais aussi dans la volonté d’offrir un nouveau service de transport à la population » détaille Emmanuel Depriester, Chargé de projets « énergie-climat ».
Le programme AcoTE, une solution adaptée aux besoins du territoire
Les équipes du Pays Graylois ont étudié plusieurs solutions de covoiturage, mais les formules leurs paraissaient être pensées pour l’urbain. L’expertise et l’expérience de La Roue Verte, ainsi que la flexibilité offerte par le fonctionnement du programme AcoTE, ont tout de suite su rassurer face au pari que représente le lancement du covoiturage en milieu rural : « Avec le programme AcoTE, on expérimente ensemble et si on s’aperçoit que l’on va droit dans le mur on peut faire marche arrière » précise Frédérick Henning, « La co-construction va être révélatrice de la réalité, ou non, d’un besoin sur notre territoire » complète Didier Cheminot, Vice-Président du Pays Graylois à la transition énergétique.
Quelles attentes par rapport au programme AcoTE ?
« Le territoire part de zéro » annonce les équipes du Pays. Le gros enjeu de la co-construction avec La Roue Verte est d’en apprendre plus sur les besoins des concitoyens en termes de déplacements et d’identifier la réalité, ou pas, d’un besoin sur le territoire. L’objectif est d’identifier au moins un tronçon sur lequel lancer l’expérimentation d’une ligne de covoiturage et ainsi pouvoir fournir plus de confort aux usagers. Une fois qu’une ou plusieurs lignes auront été expérimentées, l’enjeu sera de trouver des sources de financement auprès de structures comme la Région ou le Département pour assurer la pérennité de la solution sur le long terme : « C’est un enjeu qui va se dessiner au jour le jour, et c’est finalement ce qui est plaisant dans la formule du programme AcoTE » conclut Didier Cheminot.