Les mobilités actives en territoires de montagne : que retenir de cette deuxième journée d’études AcoTE ?
Les mobilités actives en territoires de montagne : que retenir de cette deuxième journée d’études AcoTE ?
Le 3 juin 2021, journée mondiale du vélo, a eu lieu la deuxième journée d’études du programme AcoTE en coopération avec la Communauté de Communes du Massif du Vercors. Cette journée s’est tenue à Lans-en-Vercors, au cœur des montagnes, et était consacrée au développement des mobilités actives dans ces territoires ruraux. Ainsi, la quarantaine de participants, venus du territoire et des territoires voisins, ont pu prendre le temps d’échanger sur les enjeux liés au développement de ces modes de déplacement en milieu rural.
Les mobilités actives : des usages adaptés à tous les types de publics
Les mobilités actives peuvent répondre aux besoins de plusieurs typologies de publics, comme les seniors ou les scolaires par exemple. Mathieu Alapetite, de la structure WIMOOV, a ainsi détaillé l’accompagnement qu’ils proposent aux publics fragilisés pour accéder à la mobilité et ainsi faciliter l’accès à l’emploi. Il était accompagné de Camille Vallos, Conseillère mobilité pour les publics en insertion sur les territoires de Haute-Savoie et du Pôle Genevois, qui a présenté les grandes étapes de la démarche d’accompagnement en précisant les objectifs et le fonctionnement de chacune d’elles. Gabriela De La Hoz, de la Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère (CAPI), s’est joint à eux pour présenter un retour d’expérience sur les actions menées avec Wimoov sur son territoire, notamment l’achat de vélos électriques. Leur intervention a suscité de nombreuses questions, notamment sur la durée de l’accompagnement, les dispositifs d’évaluation et de suivi des actions, l’adhésion des différents publics au vélo ou encore les liens possibles avec l’expérimentation « Territoires zéro chômeur ».
L’un des enjeux des mobilités actives est aussi de sensibiliser le jeune public à ces modes de déplacement alternatifs dès le plus jeune âge. La sédentarité chez les jeunes (3-17ans) augmente et le recours à la voiture pour les déplacements scolaires est presque systématique, malgré que 90% des parents résident à moins d’un km autour de l’école de leur(s) enfant(s). Orélie Guillot, Chargée de Mission à l’AGEDEN, est intervenue sur les freins à lever pour activer le passage à l’acte des publics scolaires, et notamment celui de la sécurité : « L’un des leviers à activer est la nécessité de faire des mobilités actives une alternative sûre, en améliorant notamment la sécurité des quartiers aux abords des écoles grâce à des aménagements piétons et cyclables » explique-t-elle. Elle a, par exemple, présenté les initiatives comme le pédibus et le vélobus et mis en avant les nombreux bénéfices de ces modes actifs sur les enfants : émancipation, concentration à l’école, activité physique, lien social…
Développement des modes actifs : de forts enjeux pour les territoires
Le développement de ces modes de déplacements actifs représente des enjeux aussi bien pour l’économie du territoire, pour la santé et le bien-être des habitants que pour l’environnement et la qualité de l’air. Le Pôle « Santé en Vercors » a par exemple pris la parole, par la voix du Docteur Pascault, pour expliquer comment la pratique d’une activité physique peut aider dans le traitement de pathologies chroniques grâce à l’acquisition d’une meilleure hygiène de vie. Ils proposent ainsi à leurs patients un programme de réhabilitation par l’effort grâce à la pratique de plusieurs activités telles que la marche nordique, le vélo ou encore le ski.
De plus, l’économie du vélo représente un potentiel important pour les milieux péri-urbains et ruraux, dans lesquels il serait encore possible de tripler la part des déplacements à vélo. Le bureau d’études INDDIGO, spécialisé dans le développement durable, a réalisé une étude en 2018 qui met en avant la nécessité que les politiques et les investissements publics encouragent davantage la pratique grâce à plusieurs leviers d’actions : incitations financières, stationnement, aménagements pour la sécurité… Pour illustrer cela, Olivier Lemonnier, gérant de la structure Velectrip, est venu partager son expérience. Son activité de location de vélos électriques de tourisme s’est développée très vite dans le Vercors et permet la diversification touristique et économique du territoire. Il salue les efforts en matière d’infrastructures telles que la réalisation de la Via Vercors mais il regrette aujourd’hui que les collectivités ne parviennent pas à mobiliser plus de financements pour valoriser la pratique du vélo dans les milieux ruraux.
Mathias Copy, de l’ADEME, a alors pris la parole pour réaffirmer que grâce à la loi LOM, le sujet des mobilités actives devenait prioritaire. L’ADEME a notamment publié le guide « Développer les modes actifs sur les territoires » et souligne l’importance de communiquer pour aider les usagers à franchir le pas. L’ADEME a aussi lancé un appel à projets « Vélo & Territoires » (AVELO) en 2019 et un second « AVELO2 » en 2021 pour soutenir environ 200 territoires peu et moyennement denses dans la définition et le déploiement de leur politique cyclable. Son intervention s’est conclue par le retour d’expérience de Saint Marcellin Vercors Communauté, lauréate du programme AVELO.
Aménagements et infrastructures : condition nécessaire à l’essor de la pratique
Enfin, la journée s’est terminée par l’intervention du Département de l’Isère et de Grenoble Alpes Métropole. Le Département, au travers de l’intervention de Véronique Lespinats, insiste sur l’importance d’aménagements sécurisés et cohérents pour accompagner l’essor des modes actifs. « La Métropole et le Département de l’Isère ont lancé une étude préliminaire pour améliorer la sécurité des cyclistes sur le territoire grâce à des aménagements réalistes » nous explique-t-elle. Dans ce contexte, elle a présenté plusieurs grands projets d’aménagements cyclables menés dans le Département (Combe de Gières à Uriage). L’occasion aussi de présenter l’Appel à Manifestation d’intérêt (AMI) lancé par le Département à destination des communes et intercommunalités pour massifier la pratique du vélo sur le territoire (études techniques, développement d’infrastructures…). Il est ouvert jusqu’au 30 juin 2021.
L’intervention a été complétée par la Cheffe de projets Aménagements cyclables, Marine Peter, de la Métropole de Grenoble qui a présenté les initiatives en faveur du vélo mises en place sur la métropole grenobloise, et notamment l’offre de stationnement. Elle a ainsi insisté sur l’importance pour les collectivités d’accompagner la croissance de ces modes actifs grâce à des infrastructures cyclables de qualité et adaptées aux besoins et attentes différenciées des publics visés.
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